Récit de Éliane St-Onge
Lundi le 31 mai 2021.
Il est 6h00 du matin. Je suis réveillée depuis 2h30. J’ai des contractions depuis les 30 dernières minutes. J’ai eu quelques contractions dans les dernières semaines, mais elles n’étaient pas comme celles-ci. J’essaie de me rappeler ce que j’ai appris sur la différence entre les contractions Braxton Hicks et les « vraies » contractions. Celles-ci me font mal. Elles partent de mon dos. Elles semblent être à une fréquence régulière. Je décide de sortir mon téléphone pour suivre mes contractions et je réveille mon chum. On décide de continuer à se reposer – ce sera peut-être une longue journée.
Je suis enceinte de 37.6 semaines. J’étais convaincue que j’accoucherais à 40 semaines. Heureusement, mis à part quelques collations dont j’ai envie pour l’hôpital, tout est prêt. Ma valise est prête. C’est que, quelques jours plus tôt, on a failli me déclencher.
Jeudi dernier, à mon rendez-vous de suivi, ma pression était élevée. Pourtant, ma grossesse s’était tellement bien passée. Mon médecin m’a envoyée à la clinique G.A.R.E. Ils ont fait des tests et contrôlé ma pression. Ils m’ont avisée de revenir le lendemain afin de faire un suivi, et ils m’ont dit d’arriver prête, car je devrais peut-être accoucher cette journée-là. Tout a été si vite à partir de ce moment-là. J’avais peur. Mis à part les cours prénataux, je ne m’étais pas beaucoup préparée à mon accouchement, car ça me faisait très peur. Je remettais ma préparation à plus tard. Mais là, non seulement j’accoucherais peut-être plus tôt que prévu, ce serait possiblement à cause d’un problème de santé. Finalement, à l’hôpital, étant donné que ma pression redescendait à chaque contrôle, on m’a renvoyé à la maison en me demandant de revenir le lundi suivant pour un suivi. J’espérais tellement que mon accouchement se déclenche naturellement, et il y avait encore une chance que cela arrive. J’allais me tenir très tranquille, relaxer et garder mon bébé bien au chaud.
Mon amie me dit, lorsque mes contractions ont commencé, que je n’accoucherais sûrement pas aujourd’hui. C’est mon premier bébé après tout, ça peut être long. Je la crois, car vers 10h00, mes contractions diminuent et la douleur descend. Je pense que c’est terminé pour la journée. Toutefois, vers midi, ça reprend de plus belle. J’ai mal au corps, j’ai mal au cœur. Mon chum et moi nous rappelons du conseil lors de nos cours prénataux : changer de positions en intervalles, faire des stations dans la maison. Il est calme et ça m’aide, mais moi, j’ai de la misère à passer au travers des contractions. Je tolère mal la douleur. L’après-midi me semble durer une éternité. Vers 16h00, mes contractions sont plus rapprochées depuis environ 2 heures. Je pense qu’il est temps d’aller à l’hôpital, mais en appelant, l’infirmière m’indique que je devrai continuer mon travail à la maison encore. Elle me dit que je pourrais rester dans ce stade-ci pendant des heures encore, peut-être même jusqu’à demain matin. J’éclate en sanglots, je suis découragée. Moi qui croyais que c’était le temps d’aller accoucher!
On continue à alterner les positions pour passer les contractions. Vers 19h30, lors des contractions, je sens mon bébé pousser vers le bas. Elle pousse fort, ça me donne des nausées à chaque fois. Vers 20h00, on pacte la voiture pour aller à l’hôpital. Ça ne fait pas 2 heures que mes contractions sont aux 2-3 minutes, mais j’ai l’impression que mon bébé descend beaucoup. C’est le temps.
Finalement arrivée à l’aile de naissance, l’infirmière, à qui j’ai parlé plus tôt au téléphone, ne semble pas me prendre au sérieux. Elle me dit que comme je n’étais pas dilatée à mon rendez-vous vendredi dernier, c’est peu probable que je sois réellement sur le point d’accoucher. Moi, j’ai tellement mal que j’ai de la difficulté à répondre à ses questions. Elle m’admet donc en salle d’examen pour vérifier mon col. Une autre infirmière vient m’examiner. Quelle n’est pas sa surprise lorsqu’elle réalise que je suis dilatée à 8. Elles voient bien que je n’exagérais pas! Je suis admise tout de suite.
C’est d’ailleurs en attendant qu’elle revienne me chercher pour m’amener à ma chambre d’accouchement que mon chum et moi décidons du prénom de notre fille à naître. Ça fait des mois que nous ne nous entendons pas sur un nom. Il nous restait quelques choix, mais à ce moment-là, c’est d’un commun accord qu’on s’entend : elle s’appellera Léonie.
Une fois en salle de naissance, je demande l’épidural. Je la reçois éventuellement. Ça me fait du bien, ça me soulage. La docteure vient crever mes eaux, et mon infirmière me place en late pushing. Je peux finalement me reposer un peu. Toutefois, au bout d’une heure, l’épidural fait de moins en moins effet. Au début, je ne sentais plus du tout le bas de mon corps. Là, je le sens. Ce n’est pas juste l’envie de pousser que je ressens… Mais toute la douleur qui vient avec aussi. On m’examine, je suis complète. Il est 00h30. C’est le temps de pousser. Je suis nerveuse, mais je me sens prête. Les poussées font du bien et elles sont efficaces pour un certain temps, mais c’est long. Après environ 2h30 de poussées, ça stagne. Bébé va bien, mais elle ne fait plus beaucoup de chemin, peu importe la position dans laquelle l’infirmière me place. Je suis inconfortable et fatiguée. J’aimerais tellement avoir quelque chose pour soulager ma douleur! La docteure décide donc de me donner un « boost » et ça fait toute la différence. Les poussées redeviennent efficaces.
Mes 3h de poussées sont floues dans ma tête, mais le moment où ma fille est arrivée est encore clair dans ma tête, 1 an plus tard. La docteure dit à mon chum que la tête de bébé va sortir, que je devrai arrêter de pousser quelques secondes quand elle passera. J’entends mon chum arrêter de compter pour une fraction de seconde. Il me dit de recommencer à pousser. Il est 3h30. L’infirmière me dit félicitations et dépose mon bébé sur mon torse. Je n’arrive pas à y croire : mon bébé est là, sur moi. Je me souviendrai toujours de ce petit corps tout chaud sur ma peau. Le fruit de ce long travail. C’était le début d’une merveilleuse aventure, celle d’être sa maman.
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